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Girl Barbazan
11 mars 2015

La dépression de mon mari

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Août 2013 - Nos jours heureux 

Au delà ce que l'on sait ou de ce que l'on croit savoir sur la dépression, elle est bien plus qu'un état triste ou nostalgique, elle ne peut se guérir qu'à coup de traitement ou de séances thérapeutiques, la dépression est au delà de tous les maux que je connaissais. Non seulement, l'état de la personne dénonce un mal-être, une souffrance, mais également des larmes, des cris, une violence intérieure et extérieure mais aussi ce mal dévastateur est nocif et toxique pour l'entourage. 

J'avais rencontré peu de personnes qui semblaient souffrir de dépression. Mais jamais je n'aurais imaginé leur quotidien et la souffrance de leurs proches, cette incapacité à pouvoir les aider, à leur permettre de relever la tête et d'avancer pas à pas. Ma première douleur a été de me sentir dans l'incapacité d'aider, de permettre une guérison ou même de comprendre ce que mon mari traversait. Bien sûr, j'avais eu moi-même auparavant des épisodes noirs et traumatisants mais ces derniers ne m'avaient jamais plongé dans un tel désespoir. 

J'étais dans un état d'incompréhension, non seulement je ne reconnaissais plus mon mari, mais qui était cet homme qui avait pris sa place ? Pourquoi avait-il tellement changé ? Lui qui auparavant était le pilier sur lequel je pouvais me reposer, tout en lui semblait désormais tellement fragile. La dépression, est au delà d'un état, c'est ce que j'ai compris par la suite, non seulement il s'agit d'une maladie, surnoise et toxique pour la personne en souffrant mais également pour l'entourage qui ne peut être protégé de celle-ci. 

Et au delà de cet état triste et nostalgique, au delà des idées noires et du désespoir, il y a cette non volonté et non capacité à ne pouvoir se relever et à avancer. Malgré les efforts de mon mari, il semblait qu'il ne parvenait pas à s'éloigner de cet état ce qui engendrait de la tristesse au sein de notre foyer. Allongé durant de longues heures, il somnolait ou dormait, il semblait épuisé, par les épisodes contrariants et même par la vie. Mais ces longues heures de repos ne semblaient pas combler cette insatiable épuisement. 

Mais cette maladie n'est pas seulement un état profond de fatigue, c'est également un désespoir pouvant conduire à des larmes, des cris ou une violence intérieure et extérieure. Il a pu arriver à plusieurs reprises que mon mari soit envahi par un flot de larmes accompagné de cris de désespoir. Dans ces moments, on ne peut ou on ne sait comment agir, c'est une désolation et une profonde tristesse pour l'entourage qui ignore quels seront les mots qui pourraient aider ou les gestes qui pourraient consoler.

La dépression peut également être des non dits. Avant de sombrer en dépression, mon mari n'a jamais su me dire le mal être dans lequel il se trouvait, peut être par fierté ou parce que les mots ne pouvaient être prononcés. Lorsque nous avons pris conscience de son état, sa dépression devait exister depuis de longs mois, mais elle restait dissimulée derrière des sourires et des non dits. Cette maladie est arrivée et a dévasté notre vie. Elle nous a anéanti et a changé peut être pour toujours la vie de notre foyer.

Enfin, il reste au sein de cette maladie une extrême violence, violence qui a été exercée par mon mari mais que j'ignorais. Elle était dans son regard, dans son attitude, dans ses propos et dans ses cris mais également j'ai cru perdre pied, lorsque je l'ai vu frapper nos chiens à plusieurs reprises. Il ne s'était jamais comporté de cette manière avec eux depuis leur arrivée. J'étais choquée, interloquée, anéantie mais terriblement en colère. Ils ne méritaient pas une telle correction. Peut-être qu'ils n'agissent pas avec perfection chaque jour, mais ils restent des être vivants, qui plus est sensibles, alors utiliser une correction par la violence physique était pour moi la pire des trahisons. Les premiers actes de violence sur un chien noir que nous gardions me semblaient démesurés mais après tout ce chien n'était pas mon chien. Pourtant mon mari aime ce chien, autant que les nôtres, mais sa dépression l'a conduit à frapper cet animal à plusieurs reprises avec toute la violence qu'il avait en lui. Puis il y a eu ce jour, où il s'en est pris à notre chien, un golden retriever au grand coeur qui ne nous a jamais déçu et qui est d'ailleurs le chien de mon mari, pour une bêtise commise par ce chien, la situation a pris des proportions inimaginables. Tout d'abord des cris puis un aboiement et enfin des coups, pas un mais plusieurs. Je ne pouvais tolérer une telle violence sur mon chien. Que nous puissions souffrir de l'état de mon mari, je pouvais le tolérer mais en aucun cas je ne pouvais accepter que mes chiens reçoivent une telle violence, des coups et de la douleur. Suite à cela, mon mari s'est rendu compte de son acte puis s'est effondré. Enfin, même envers les petits chiens, il a manqué d'utiliser la violence, avec mon premier chien mais également avec un autre chien peut être un peu capricieux ou têtu mais aucune attitude ne peut justifier de tels actes. J'ai réussi à intervenir pour calmer mon mari et éviter une nouvelle colère envers nos compagnons. Mais je suis inquiète, je n'ose m'absenter de la maison et lui confier nos chiens, je continue à craindre qu'il puisse avoir de nouveau de tels agissements. Je ne pourrai le supporter.

La dépression, bien plus qu'une maladie, une souffrance, un fléau, qui anéantit le bonheur d'un foyer, qui détruit chacun des moments entre un homme et une femme, mais conduit également à des cris, des larmes et une violence incontrôlable.

 

 

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